vendredi 16 juin 2023

Moonwalker II

 

à M.J

L'homme marche sur la lune
Il n'a pas de scaphandre
Non pas de scaphandre

L'homme marche sur la lune
Il porte un gant
Un gant comme une étoile
Un gant comme des milliers
Et dans son poing serré c'est tout un ciel
Oui tout un ciel

Remember! Remember!

L'homme marche sur la lune
Il n'a pas de couleur
ou bien peut-être trop
Il est over
Over the rainbow

L'homme marche sur la lune
Il porte des chaussettes
blanches comme cendres
Et glisse sa semelle sur les larmes vernies

Remember! Remember!

Il vient d'un royaume
où l'on ne grandit pas
où l'ombre se découd
où l'on rêve debout

Voilà qu'il erre sans nez
Héros russe malgré lui
Et si comptine disait vrai

Jamais! Plus Jamais!

Vois ce château de carton
ce visage de papier
ce chagrin qui se cache
sous un smile en cartoon
L'exigence du songe
et ces masques en sky
by the light of the moon

Jamais! Plus Jamais!

L'homme marche sur la lune
parce qu'il ment comme un enfant





Les Ré qui M

 

Que dire des corps qui ne connaissent 
gels et rais
là sous l'écorce
qui croit puis tombe

Que dire des chairs sans feu ni pierre

Que dire d'un souvenir sans point fixe
et qui se perd au loin très loin
La mer parfois n'a point de côte

Poesis
C'est faire de la musique
avec deux trois consonnes
C'est mesurer le temps
qui nous sépare de l'infini

Poe hésite
entre le masque et la plume
parce qu'il est un puits
où jamais ne se penche la lune

Que dire des vantardises défuntes
de ces mots galopant
accrochés aux crinières
des cieux

Que dire? Que dire? Que dire?

Rien n'est plus comme avant
On ne promet toujours que du vent

J'ai tant la bouche tant d'amertume
que chaque sourire se contorsionne
Ne parlons plus du tout d'écume
Les vagues sont connes

Poesis
Je n'en veux pas de la césure
des foutues rimes qui nous susurrent
des ré qui M

Poe hésite
entre la corde et le goulot
parce qu'il est une peine 
où se meurt le corbeau

Elle savait dire adieu
Je n'ai pas su grandir

Blush you

 

La guerre se perd un beau matin
Ouais c'est toujours un beau matin
Au Champ gisent les lunes
par milliers
Les Lunes ont trop saigné

Histoire de putes
Blush défait
Amère défaite

Veux tu baisser les yeux!
Le Temps a baisé Dieu!

Un beau matin tu oublieras mon corps
à tort contre ce torse
cet homme aux plates bandes

Au pieu gisent les nus
par deux
Les nus ont trop coulé

Histoire de culs
Bouches d'égout
Couleurs des goûts

Veux tu fermer les cieux!
Le Temps a baisé Dieu!

Un beau matin





Aphorythme

 

Au royaume des vents, les trous du cul sont rois

Au caprice du vent


Laissons l'histoire
au caprice du vent
et les "promis" s'éparpiller
indolemment
comme meurent les papillons
au caprice du vent

Laissons la larme
au bord de l'eau
la larme et le bateau
couler
tout doucement
comme meurent les reflets 
au bord de l'eau

Laissons le rêve
au bout de la nuit
le rêve et le conte
s'oublier
lentement
comme meurent les roses
au bout de la nuit

Laissons le fiacre
au hasard des chemins
et les chevaux s'enfuir
résolument
comme meurt le matin
au hasard des chemins

Laissons le vent
Laissons l'eau
Laissons la nuit
Laissons chemins

Puis laissons-nous...
Oh non! Ne dis plus rien!
Les mots sont traitres
menteurs et criminels
Le verbe est poison mortel

Je ne veux plus entendre

L'air c'est du vent
Eau est la pluie
L'ombre, la nuit
et les chemins, terre

Je ne suis plus l'Autre

et je m'ensable 
loin de la mer






 

Les serrures vides


Estampe et rature
Approximatives des 38°9
J'exsude  par tous les pores
Ma Lady

Des "Hier" amoureux
je guéris en tremblant
L'âme dès demain n'a plus de cœur

Vois cet Apollinaire au bord de la tranchée
Comme il ment!
Si fort qu'un canon ne veut de ses chairs

Alors sur le Portrait
l'éclaboussure de terre et de sang
chasse celle de lune

Faut-il incriminer le Temps?
Ou la nature humaine?
L'effroyable nature qui s'invente des dieux
jusque sous l'écorce
qui sait oublier
un hiver pour un nid vert

Quand il n'y a plus de raison d'attendre
On peut tourner la page
et contempler le vide des serrures




1er octobre 2009

lundi 5 juin 2023

Les Lieuses

Les Lieuses ont la Mémoire des Morts
Les Lieuses savent tous les mauvais sorts

le long des rives constellées d'os
blancs comme des ventres de nymphéas

Voilà qu'elles matent d'un oeil ba
voiles et mâts des gars des eaux

N'Ouïs point Marin grâce ou louange
qu'elles tissent ainsi d'une voix d'ange

semblable aux thrènes que pleure Hélène
devant les flammes de Troie la Belle

ces âmes oiseaux nous ensorcellent
de leurs syrinx aborigènes

Leur Sœur est la diseuse d'énigmes
La Sphinx aux tristes borborygmes

Les Lieuses savent tous les anciens sorts
Les Lieuses ont la Mémoire des Morts

N'Ouïs point Marin leurs cris perçants!
Pour cet instant - méchant délire -

qui vaut bien tous les chants des lyres
tu tuerais même Père et Enfant!

Les Lieuses ont la Mémoire des Morts
Les Lieuses savent tous les anciens sorts

Leurs ailes sonnent le glas des coques
qui viennent, folles, s'écraser

contre ces vierges affamées
haut perchées dans les aigus rocs!

En aspirant Souffles des Mânes
Elles lisent l'avenir dans les crânes

De cristal sont les mers du sud
quand elles y mirent Muses de l'Hadès

les corps emportés ad patres
et leurs cheveux de solitude

Les Lieuses savent tous les anciens sorts
Les Lieuses ont la Mémoire des Morts