jeudi 21 décembre 2017

Ainsi que deux sylphides


Aujourd’hui, j’ai rendez-vous. Quelque part entre la 25ème heure et le 5ème point cardinal. J’ai rendez-vous avec Elle mais je tairai son nom car mes ballades fuient les jardins publics, les effets de certitude.

Point besoin de nommer pour apprivoiser : je la veux libre! Sauvage! Point besoin de nommer pour vaincre la peur : je n’ai pas peur! Je n’en ai pas le temps. Il n’y a que du désir pour tordre mon ventre, ligoter mes entrailles, exploser mon cœur!

Je m’habille mais à quoi bon ? Bientôt trop de tissus, trop de mots, trop d’air entre nous et pas assez de lunes à venir dans l’attraction des corps. Nos peaux chaudes et moites, jusque dans leurs replis les plus intimes, ne souffriront pas même un chuchotis. Je le sais, tout aussi bien que je la connais, Elle, depuis toujours, au creux de nuits où j’ai cherché sur d’autres lèvres son essence sacrée. De lapements en miaulements…à me rendre Grenouille!

Je prends le train, la transe bacchanale, la queue d’une comète pour la rejoindre. Je vais l’aimer à l’envers. Rattraper ainsi le temps perdu. 

Elle m’attend. Là-bas. Sous l’Arbre. Oui, elle m’attend.

Elle a dans les cheveux mille cerfs-volants, cracheurs de flammes. Des cendres, des eaux, je ne suis plus que cela. Et je bats la mesure allegro con fueco! Comme si mon sexe était un cœur, mon cœur une tête, ma tête un ciel saturé d’éclairs!

J’avance vers Elle. 

Où poser mes yeux ? Près des siens ? De cette nuque ? De ce sourire ? De ces seins que l’ombre de mes doigts déjà extirpe au textile enjôleur ?

Entre mes cuisses, éros verse un larme. Je tremble.

Elle se presse tout contre moi. D’une main sur ses charmes callipyges, je l’étreins encore davantage et mordille son cou.

Je cède à son parfum. J’oublie. Je tourbillonne. Elle plante son étrange baiser, cette violente douceur.

Elle m’a drôlement manqué.

Trop de jours à imaginer mon souffle au cœur de ses vallées mais pas assez de lunes à bénir dans l’attraction des chairs.

Je la sens frissonner, vaciller à son tour. Alors mon autre main se couche sur sa rose épineuse.

Les seins durcissent. Les ventres ont faim. Il faut dénuder, cueillir les fruits mûrs. Par où pécher ? A portée de sens, mille gourmandises! La maison de pain d’épice, les pommes d’or, les Noces de Cana, les merveilles d’Alice…

La Nature nous appelle, épelle nos prénoms en abracadabras presque obscènes. Les racines s’emmêlent, les hélices fondent comme nuages de lait.

Je descends les sentiers blancs que l’envie empourpre vers l’alcôve humide.

J’approche ma bouche…


Sous ma papille ombelle coule l’Ambroise hydrante

qu’en ta baie zéolithe ma langue scolopendre

vient glaner toute avide et curieuse des sismiques

tressauts qui s’emparent de tes reins botaniques


Je lampe à petits coups puis pénètre cette ombre

- nageuse d’ébats, maîtresse de soie rhizome -

de mes phalanges liquoristes en binôme

faiseuse de mots à hic et d’ors gironds


Ainsi ton dernier cri suspend ma douce ellipse

sur l’écueil turgescent dans ses franges d’écume

Ma langue se retire pour que la sorgue exhume

de ses chairs noircies tes astres vers libristes


Une larme épilogue et mes lèvres se pagent

à l’aréole de ton sein opaline

susurrant encor’ d’alliciants badinages

loin du jour sicaire aube à crinoline

2008






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