jeudi 21 décembre 2017

Au commencement

Au commencement, c’est un quai.

Un quai trop droit où je tourne en rond.

C’est au compte-gouttes que le sablier y délivre ses grains.

« Deus ex machina » enrayée, gorge enrouée.

Au commencement, j’attends.

Cette attente, c’est une main trop droite que je passe dans des cheveux trop fous.

Lui plairai-je encore comme au premier…quai ?

D’un œil trop maquillé, je scrute un horizon de rails.
Des rails, rien que des rails et des caténaires fantassins qui quadrillent un ciel trop blanc.

Je crois bien que je maudis les gares autant que je les aime.

Quels seront mes premiers mots ? Mon premier geste ? Dois-je d’abord sourire ? Ou bien l’enlacer ? Lui dire qu’elle est chaque fois au-delà de mes espérances ? Non, il faudrait du beau, de l’exceptionnel ! Parfait reflet de mon émoi ! Un jour, promis, je me jetterai à l’eau et je l’accueillerai, un poème à la lèvre ! Mais pourrai-je, ce jour-là, faire taire le volcan qui me sert de corps et lui déclarer, comme il se doit, ma flamme ?

Sur ce quai trop droit, je pense trop.

J’ai le cœur trop jeune, l’âme trop vieille.

Je déraille un peu, beaucoup, à la folie…

Je suis tout l’monde, je n’ suis personne et dans cette confusion extra-sensorielle, j’attends ma condition sine qua non.

Alors, la tête du dragon traverse le brouillard.

Ça y est ! Nous y sommes !

Je regarde ce dragon étirer son corps trop long.

J’essaie de reprendre mon souffle malgré l’attente, malgré le bruit, malgré la foule mais ce tout ce temps passé sans elle, m’a trop asphyxiée. Mais tout ce temps passé sans elle est une Absurdité !

Au commencement, j’avance toujours dans le mauvais sens. Désolée, ce n’est pas que je fasse exprès. J’ai trop tourné en rond, j’ai trop attendu, j’ai trop pensé ! J’ai la boussole en pièces.

Demi-tour. Tout droit.

Je perce ma bulle et touche enfin du regard son unique silhouette.

C’est elle qui me sourit.

Que faire de tout ce cœur qui cogne là comme un aliéné à la porte de sa cellule ? J’voudrais l’arracher de ces chairs, l’affranchir, le jeter à ses pieds !

« Recevez, Ma Dame, cette fleur de sang, impérissable, en gage de ma passion »

Un jour, promis, je le ferai.

En attendant, sans trop réaliser, je la serre dans mes bras, avec toute la maladresse d’un amour de 15 ans.

Je meurs !

Voilà le commencement.

2008

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