jeudi 21 décembre 2017

Astro'Lab

Les preneurs d'étoiles ont des visages de cuivre lorsqu'ils sillonnent les mers de nuage, à bord d'étranges volateurs dont les élytres de bois, monotones, stridulent.

Les preneurs d'étoiles portent de biens curieux noms, échos des abîmes qui les ont dévorés et qui ont laissé légions de cicatrices sur leurs peaux brunies.

Les preneurs d'étoiles, même en fermant les yeux, voient encore des monstres à trois têtes, des crânes balançant comme des pommes sous la branche et la pâleur irradiante d'un sein de Bacchante.

Les preneurs d'étoiles ont le cœur vide d'avoir trop cherché jusqu'aux "Tristesses de la Lune", le si cher reflet…

Les preneurs d'étoiles cachent d'obscurs parchemins scellés avec leur sang dans leurs bottes à chaudron. Ils ont aussi dans leur barda, des plumes qui chantent, des encriers de jade, des lunettes de Galilée, des gyroscopes gravés de symboles latins, hébreux, égyptiens, arabes, chinois! Et des cartes qu'on peut dérouler à l'infini!

Les preneurs d’étoiles souvent se perdent au large en quête d’horizons un peu plus neufs, un peu plus longs. Ils ont le cœur comme des détroits et l’appétit d’une famille d’ogres. Plus tard on trouve leurs os éparpillés sur des plages sans homme ; leurs os blanchis par trop de sel, trop de soleil ; leurs os plantés dans le sable. Ce sont des runes sans lettre, des couteaux de Rahan.

On conte leurs aventures, le soir au coin du feu, à des gamins qui roulent des billes tels des lapins en fuite. Puis un jour, à leur tour, ces enfants deviennent ces preneurs d'étoiles.

2008

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