vendredi 22 décembre 2017

Le conciliabule des fées et sœurs Silènes

(En collaboration avec Lucy Dayrone)

C'est la bonne heure.
Rêvons de bois sous les cieux et de nos yeux en sous-bois. 
Le jour qui filtre par les futaies déverse sur les troncs de longs rais verdelets comme si ces arbres millénaires créaient leur propre lumière.
-Havre de Paix & Œuvre d'Harmonie-
Alanguies sur un tapis de mousse, à l'ombre d'un vieux chêne, dont les branches lourdes et noueuses dessinent sur votre blanche peau, leurs doubles ténébreuses, vivons-nous ce doux rêve, rêvons-nous cette douce vie où nous aurions pour seul toit d'épaisses frondaisons ?
Un escadron de fées joue dans vos cheveux libres comme l'air. D'un geste de la main, gracile et candide, vous les chassez un peu plus loin, esquissant d'invisibles arabesques et d'éternels sourires qui m'enchantent bien davantage que ces petits êtres magiques.
Nos robes virginales toutes de soie moirée s'accrochent au lit de la forêt et celui-ci nous ouvre grand ses draps faits d'herbes, de feuilles, de brindilles et de fleurs. Languissons-nous encore! 
Vous riez. Mille éclats de notes cristallines qui font éclore autour de nous de tendres violettes. Notre couche devient alors un océan de pensées agité de vagues plus parme que la chape des prélats. Vous faites et défaites à votre désir. 
Je cueille quelques-unes d'entre elles pour tresser de leurs corolles une couronne qui parfumera  votre front tandis que vous contemplez le soleil suspendre à ma chevelure ses boucles d'ambre.
Riez encore! Regardez-moi ! Buvez la rosée qui voile mes yeux de tant vous aimer ! 
Tout près, le lac unit son chant immobile aux pépiements des oiseaux, gais, insouciants, bateleurs.
Etait-ce vous la Belle Dame Sans Merci ? Oh ! Je ne saurais dire…Mais de nos heures rêvées, mon Amour, je puis répéter vos derniers mots avant que l'Obscur ne happe nos corps : "Vous ai-je dit combien demain sera toujours plus qu'aujourd'hui?"
Lorsque je voulus rendre à votre bouche le baiser qu'elle m'avait offert, j'avais déjà regagné l'Autre Monde! Un monde de collines froides et grises ! Un monde qui lui, hélas, ne nous appartient pas!
Depuis Vous, j'erre le jour ! Espère la nuit !
Et j'attends la bonne heure…

2009


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